Le bonheur est une valeur en hausse au travail. D’abord parce que les salariés la plébiscitent. Selon une enquête de l’Apec, pour 82 % des cadres, « s’épanouir dans le travail » constitue « le premier critère d’une carrière réussie ». Ensuite parce que, comme le proclame un récent dossier de la Harvard Business Review consacré à « la valeur du bonheur », « le bien-être des employés entraîne les profits » (1). Sans surprise, la quête du bonheur professionnel fait consensus.
Mais pour atteindre ce Graal managérial, mieux vaut bien identifier ce qui nous rend vraiment heureux au bureau. Connu pour avoir érigé le plaisir en valeur managériale, l’entrepreneur néerlandais Leen Zevenbergen souligne la nécessité de distinguer le bonheur « au travail » du bonheur « dans le travail ». Une façon de tordre le cou à l’idée selon laquelle le bonheur proviendrait d’un confort douillet ou d’une routine rassurante. « Le vrai plaisir au travail résulte des défis que vous vous fixez, et de la satisfaction que vous donne la réalisation de vos objectifs, que ce soit à titre individuel ou avec vos collègues (2). » Une vision étayée par les recherches en psychologie. « Les êtres humains, affirme le professeur Daniel Gilbert de l’université de Harvard, sont plus heureux quand ils sont challengés avec intelligence, quand ils poursuivent des objectifs difficiles mais pas impossibles à atteindre » (3).
Aujourd’hui patron de Boutique Nature, après avoir occupé de nombreux postes à hautes responsabilités dans de grands groupes internationaux comme Unilever ou Coca-Cola, Philippe Laratte confirme : « Le goût du défi a été le fil conducteur de ma vie professionnelle. Je pense qu’une carrière doit se vivre intensément. Je rencontre trop de jeunes diplômés déjà désabusés, qui font des choix par dépit pour, disent-ils, bâtir leur carrière. C'est dommage, quand on a la vie devant soi, mais déjà plus aucun rêve. Car les rêves font avancer. Il n’y a rien de plus exaltant que de se battre pour les transformer en réalité. »
Autre idée fausse à combattre : le rôle démesuré souvent prêté à la rémunération. À l’issue d’une étude portant sur 15.000 personnes, le chercheur en psychologie Matthew Killingsworth a ainsi mis en évidence que « le bonheur au travail résulte avant tout de l’interaction avec les collègues, du projet dans lequel nous sommes investis et de la qualité des contributions quotidiennes », tandis « qu’un salaire élevé ou un titre prestigieux n’a qu’un impact limité » (4). Une observation confirmée presque mot pour mot par Jacques de Chateauvieux, ancien président du conseil de surveillance d'Axa lorqu’il déclarait : « Je ne fais jamais rien pour moi. Mon plaisir consiste à donner dans le travail et dans la famille. Je ne fais ça ni pour la gloire personnelle, ni pour l'exercice du pouvoir, ni pour amasser des richesses, ni pour jouir de ces richesses. J'ai fait fortune, c'est vrai. Mais cela n'a rien changé à ma vie. Peut-être que cela m'a donné plus de responsabilités […] J'ai beaucoup reçu dans la vie. Je veux rendre, donner, servir (5). »
Autrement dit, pour les être humains le plaisir résulterait plus de l’action que de la possession et encore plus d’une action jugée utile. « Développer Boutique Nature est conforme tant à mes idéaux sociétaux qu’à mon goût pour l’action. Mon engagement dans cette aventure humaine me comble au-delà de mes espérances. Le développement de cette entreprise est en effet un défi collectif relevé avec une équipe déterminée et motivées », se félicite Philippe Laratte en soulignant l’importance du sens donné au travail quotidien. « Je pense que, selon le proverbe, “il ne faut pas gagner sa vie en la perdant”. Cela veut dire qu'il faut toujours faire les choses avec passion d'une part, et d’autre part qu'il faut toujours se demander quel est l’impact positif de son action pour la collectivité. Une vie professionnelle réussie, pour moi, s’inscrit dans une dynamique de plaisir, d'épanouissement personnel et d’engagement social », ajoute le patron de Boutique Nature.
Autant d’observations qui tendent à inverser le regard que nous portons habituellement sur le lien de causalité entre bonheur et engagement. Car finalement, c’est peut-être plutôt l’engagement qui provoque le bonheur. Tel est l’avis du photographe Yann Arthus-Bertrand. « L’engagement, affirme-t-il, rend heureux. Je veux mettre en avant l’engagement. S’engager rend heureux. Faire des choses pour les autres, s’engager, ça apporte le bonheur. » Et il conclut : « Prenons exemple sur les gens qui font (6). » Si bien que pour assurer le bonheur de leurs salariés, les entreprises ont probablement mieux à faire que de les dorloter, les choyer ou les materner. Proposer des projets ambitieux, collectifs et porteurs de sens se révèle certainement plus efficace. Une réalité bien perçue par Philippe Laratte : « Poursuivre ensemble un grand dessein, se surpasser pour l’accomplir, c’est la meilleure recette du bonheur ».
(1)“The Value Of Happiness”, Harvard Business Review, janvier-février 2012.
(2) “Brûle ta cravate et danse”, par Leen Zevenbergen, ESF Éditeur, avril 2010, 220 p.
(3) “The Science Behind The Smile”, entretien avec le Professeur Daniel Gilbert, Harvard Business Review, janvier-février 2012.
(4) “The Future Of Happiness Research”, par Matthew Killingsworth, Harvard Business Review, janvier-février 2012.
(5) Le Point, 17/04/08.
(6) Le Parisien, 23/12/08.
Mais pour atteindre ce Graal managérial, mieux vaut bien identifier ce qui nous rend vraiment heureux au bureau. Connu pour avoir érigé le plaisir en valeur managériale, l’entrepreneur néerlandais Leen Zevenbergen souligne la nécessité de distinguer le bonheur « au travail » du bonheur « dans le travail ». Une façon de tordre le cou à l’idée selon laquelle le bonheur proviendrait d’un confort douillet ou d’une routine rassurante. « Le vrai plaisir au travail résulte des défis que vous vous fixez, et de la satisfaction que vous donne la réalisation de vos objectifs, que ce soit à titre individuel ou avec vos collègues (2). » Une vision étayée par les recherches en psychologie. « Les êtres humains, affirme le professeur Daniel Gilbert de l’université de Harvard, sont plus heureux quand ils sont challengés avec intelligence, quand ils poursuivent des objectifs difficiles mais pas impossibles à atteindre » (3).
Aujourd’hui patron de Boutique Nature, après avoir occupé de nombreux postes à hautes responsabilités dans de grands groupes internationaux comme Unilever ou Coca-Cola, Philippe Laratte confirme : « Le goût du défi a été le fil conducteur de ma vie professionnelle. Je pense qu’une carrière doit se vivre intensément. Je rencontre trop de jeunes diplômés déjà désabusés, qui font des choix par dépit pour, disent-ils, bâtir leur carrière. C'est dommage, quand on a la vie devant soi, mais déjà plus aucun rêve. Car les rêves font avancer. Il n’y a rien de plus exaltant que de se battre pour les transformer en réalité. »
Autre idée fausse à combattre : le rôle démesuré souvent prêté à la rémunération. À l’issue d’une étude portant sur 15.000 personnes, le chercheur en psychologie Matthew Killingsworth a ainsi mis en évidence que « le bonheur au travail résulte avant tout de l’interaction avec les collègues, du projet dans lequel nous sommes investis et de la qualité des contributions quotidiennes », tandis « qu’un salaire élevé ou un titre prestigieux n’a qu’un impact limité » (4). Une observation confirmée presque mot pour mot par Jacques de Chateauvieux, ancien président du conseil de surveillance d'Axa lorqu’il déclarait : « Je ne fais jamais rien pour moi. Mon plaisir consiste à donner dans le travail et dans la famille. Je ne fais ça ni pour la gloire personnelle, ni pour l'exercice du pouvoir, ni pour amasser des richesses, ni pour jouir de ces richesses. J'ai fait fortune, c'est vrai. Mais cela n'a rien changé à ma vie. Peut-être que cela m'a donné plus de responsabilités […] J'ai beaucoup reçu dans la vie. Je veux rendre, donner, servir (5). »
Autrement dit, pour les être humains le plaisir résulterait plus de l’action que de la possession et encore plus d’une action jugée utile. « Développer Boutique Nature est conforme tant à mes idéaux sociétaux qu’à mon goût pour l’action. Mon engagement dans cette aventure humaine me comble au-delà de mes espérances. Le développement de cette entreprise est en effet un défi collectif relevé avec une équipe déterminée et motivées », se félicite Philippe Laratte en soulignant l’importance du sens donné au travail quotidien. « Je pense que, selon le proverbe, “il ne faut pas gagner sa vie en la perdant”. Cela veut dire qu'il faut toujours faire les choses avec passion d'une part, et d’autre part qu'il faut toujours se demander quel est l’impact positif de son action pour la collectivité. Une vie professionnelle réussie, pour moi, s’inscrit dans une dynamique de plaisir, d'épanouissement personnel et d’engagement social », ajoute le patron de Boutique Nature.
Autant d’observations qui tendent à inverser le regard que nous portons habituellement sur le lien de causalité entre bonheur et engagement. Car finalement, c’est peut-être plutôt l’engagement qui provoque le bonheur. Tel est l’avis du photographe Yann Arthus-Bertrand. « L’engagement, affirme-t-il, rend heureux. Je veux mettre en avant l’engagement. S’engager rend heureux. Faire des choses pour les autres, s’engager, ça apporte le bonheur. » Et il conclut : « Prenons exemple sur les gens qui font (6). » Si bien que pour assurer le bonheur de leurs salariés, les entreprises ont probablement mieux à faire que de les dorloter, les choyer ou les materner. Proposer des projets ambitieux, collectifs et porteurs de sens se révèle certainement plus efficace. Une réalité bien perçue par Philippe Laratte : « Poursuivre ensemble un grand dessein, se surpasser pour l’accomplir, c’est la meilleure recette du bonheur ».
(1)“The Value Of Happiness”, Harvard Business Review, janvier-février 2012.
(2) “Brûle ta cravate et danse”, par Leen Zevenbergen, ESF Éditeur, avril 2010, 220 p.
(3) “The Science Behind The Smile”, entretien avec le Professeur Daniel Gilbert, Harvard Business Review, janvier-février 2012.
(4) “The Future Of Happiness Research”, par Matthew Killingsworth, Harvard Business Review, janvier-février 2012.
(5) Le Point, 17/04/08.
(6) Le Parisien, 23/12/08.