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Syrie : "A Alep, même les morts ne peuvent pas reposer en paix"


Clarisse Rosius
Mercredi 2 Août 2017





L'Aide à l'Eglise en Détresse (AED), une oeuvre internationale qui a pour mission d'aider les chrétiens menacés, a accepté de soutenir la reconstruction du cimetière grec-orthodoxe d'Alep ainsi que le transfert des dépouilles de chrétiens orthodoxes et catholiques de différents rites, décédés à Alep entre avril 2013 et décembre 2016, au cimetière chrétien de Jabal Al-Saydé.


Source : Pixabay, image libre de droits
Source : Pixabay, image libre de droits
Dans un communiqué, l'AED explique que plus aucune bombe ne s'abat sur Alep. Depuis six mois déjà, la ville se trouve presque intégralement sous le contrôle des troupes gouvernementales du président Bachar al-Assad. Pourtant, la vie reste difficile. Les prix des denrées alimentaires sont extrêmement élevés, la monnaie a été dévaluée et 80 % des habitants n'ont pas encore pu retourner vivre chez eux : ils ont été expulsés de leurs logements par la guerre, ou bien leurs maisons ont été détruites par les bombes et doivent être reconstruites.

Même les défunts, ayant trouvé la mort à cause de la guerre ou d'autres circonstances, au cours de plus de quatre années de conflit, ne peuvent encore reposer en paix. Les cimetières chrétiens se situent à la lisière occidentale et au pied de la colline de Jabal Al-Saydé (Mountain of Saint-Mary). Comme personne ne pouvait les approcher durant la guerre, ils sont restés fermés. Certains d'entre eux ont été endommagés par des bombes et des pillages.

« Nous voulons que nos chers défunts soient inhumés de manière digne et sacrée », demande Moses Alkhassi, vicaire général de l'archidiocèse grec-orthodoxe d'Alep et d'Alexandrette, qui s'étend en Syrie et en Turquie. « Nous avons besoin d'aide pour reconstruire notre cimetière », explique-t-il. « Plusieurs bombes sont tombées sur le cimetière, dont la plus grande partie a été détruite. Vous pouvez le voir », continue-t-il en désignant un groupe de niches détruites où se trouvent toujours des cercueils. « De plus, des portes et des pierres tombales ont été pillées, plusieurs sépultures ont été ouvertes » - un outrage.

Pour nettoyer et reconstruire cette zone, l'AED a accordé 13 000 euros. « Nos fidèles ne peuvent pas subvenir à tous les coûts de la vie - nourriture, médicaments, logements -, et encore moins aux coûts des funérailles ou du cimetière. Voilà pourquoi nous apprécions beaucoup l'aide proposée par l'AED. Notre archidiocèse a beaucoup souffert : nous avons perdu plusieurs églises. De plus, au début de la guerre, notre métropolite Boutros Yazigi et l'archevêque syriaque-orthodoxe ont été enlevés ensemble. Nous ignorons toujours où ils sont », raconte le religieux affligé.