Après une quinzaine d’années passées à Elle en électron libre, Sophie Fontanel, plus connue sous le pseudo de Fonelle, est parachutée Directrice de la mode. Ce qui est un aboutissement extraordinaire pour cette petite-fille d’émigrés arméniens, se révèle un cadeau empoisonné. Si elle a toujours adoré les vêtements, la mode et le style, elle n’était pas préparée à se retrouver au coeur de la centrifugeuse : s'occuper des budgets, établir des contrats, signer des parafeurs. Mais surtout, gérer les personnalités difficiles qui pullulent dans ce milieu : stylistes grandes gueules et prétentieuses, créateurs capricieux et arrogants, chefs de pub azimutés, mannequins maigrelettes et perdues. Le système qu'elle découvre de l'intérieur n'est pas toujours reluisant. Elle restera un an à ce poste, avant de donner sa « dèm. » Et filer vers d'autres aventures, le pied moins pris « dans le piège. »
Mais ce graal, ce passage à Elle comme Directrice de la mode, est aussi un fascinant terreau qui lui a servi pour son dernier roman. Construit sur deux axes narratifs, il raconte d’une part, son épopée autobiographique de papesse de la mode, qu’elle ne sera jamais. D’autre part, son parcours se mêle de façon inextricable au destin de sa famille arménienne. Sa grand-mère, Méliné, est née en Arménie, a grandi en Turquie avant d’arriver à Marseille en 1925, puis à Paris. Ce qui pourrait être une lancinante blessure de l’exil, le ressassement du génocide des Arméniens perpétré par les Turcs, se transforme en une véritable seconde chance. Un émerveillement. Celui de vivre à Paris. Son mari, Irant, appelle désormais Méliné, « La Neuve. » À l’Hôtel du départ, elle coud, rencontre Elena, une russe blanche, qu'elle ne quittera jamais.
Surtout, Méliné est fascinée par l’élégance française, les femmes françaises. Avec son mari, et ses filles, Anahide et Knar, ils veulent s’élever socialement, mais dans le raffinement, toujours. Et quand bien même, elle dit : « la robe noire d’Arménie, là-bas à Istanbul une merveille vendue telle une chose de Paris, ici le néant », elle garde la foi. Jusqu’à, petits arrangements avec la vérité, tricoter des pulls pour Elsa Schiaparelli. Plus tard, Anahide apprendra à Sophie adolescente, « que le rose pâle et l’orange, ça va bien ensemble. Que le jaune d’or et le mauve, pareil. »
On peut dire que Sophie Fontanel, qui voue un culte aux « beaux habits », souffre quelque part d’un solide atavisme familial. Sacrée Fonelle, elle embarque le lecteur dans une saga rafraîchissante et drôle. Ces pages qui immortalisent les Drezian, sont sans doute les plus émouvantes du livre. Elles promènent le lecteur au milieu d'une famille totalement anticonformiste et attachante, qui met « des raisins secs dans les plats salés. » Cette originalité fait un bien fou. Et ils ont raison. C’est eux qui sont d’une « beauté totale », contrairement à certaines fashion victims croisées dans les couloirs de Elle et d’ailleurs.
La Vocation, Sophie Fontanel, (Robert Laffont).
Mais ce graal, ce passage à Elle comme Directrice de la mode, est aussi un fascinant terreau qui lui a servi pour son dernier roman. Construit sur deux axes narratifs, il raconte d’une part, son épopée autobiographique de papesse de la mode, qu’elle ne sera jamais. D’autre part, son parcours se mêle de façon inextricable au destin de sa famille arménienne. Sa grand-mère, Méliné, est née en Arménie, a grandi en Turquie avant d’arriver à Marseille en 1925, puis à Paris. Ce qui pourrait être une lancinante blessure de l’exil, le ressassement du génocide des Arméniens perpétré par les Turcs, se transforme en une véritable seconde chance. Un émerveillement. Celui de vivre à Paris. Son mari, Irant, appelle désormais Méliné, « La Neuve. » À l’Hôtel du départ, elle coud, rencontre Elena, une russe blanche, qu'elle ne quittera jamais.
Surtout, Méliné est fascinée par l’élégance française, les femmes françaises. Avec son mari, et ses filles, Anahide et Knar, ils veulent s’élever socialement, mais dans le raffinement, toujours. Et quand bien même, elle dit : « la robe noire d’Arménie, là-bas à Istanbul une merveille vendue telle une chose de Paris, ici le néant », elle garde la foi. Jusqu’à, petits arrangements avec la vérité, tricoter des pulls pour Elsa Schiaparelli. Plus tard, Anahide apprendra à Sophie adolescente, « que le rose pâle et l’orange, ça va bien ensemble. Que le jaune d’or et le mauve, pareil. »
On peut dire que Sophie Fontanel, qui voue un culte aux « beaux habits », souffre quelque part d’un solide atavisme familial. Sacrée Fonelle, elle embarque le lecteur dans une saga rafraîchissante et drôle. Ces pages qui immortalisent les Drezian, sont sans doute les plus émouvantes du livre. Elles promènent le lecteur au milieu d'une famille totalement anticonformiste et attachante, qui met « des raisins secs dans les plats salés. » Cette originalité fait un bien fou. Et ils ont raison. C’est eux qui sont d’une « beauté totale », contrairement à certaines fashion victims croisées dans les couloirs de Elle et d’ailleurs.
La Vocation, Sophie Fontanel, (Robert Laffont).