On peut éviter la plupart de ces décès avec de bons services de santé, l'éducation et l'appui social. Mais, dans de nombreux cas, les adolescents, qui souffrent de troubles de la santé mentale, consomment des drogues ou ont des problèmes de nutrition, ne peuvent pas obtenir les services essentiels de prévention et de soins, soit parce qu'ils n'existent pas, soit parce qu'ils ne les connaissent pas.
De plus, de nombreux comportements ayant des répercussions sur la santé à un stade ultérieur de la vie, comme la sédentarité, la mauvaise alimentation ou les comportements sexuels à risque, commencent à l'adolescence.
«Les adolescents ont été complètement absents des plans nationaux pour la santé pendant des décennies», déplore le Dr Flavia Bustreo, Sous-Directeur général à l'OMS. «Des investissements relativement faibles, axés sur les adolescents, permettront de former des adultes en bonne santé et autonomes qui prospèrent et apportent une contribution positive à leurs communautés, mais aussi d'avoir des générations futures en meilleure santé, avec d'énormes bénéfices à la clé.»
Les données du rapport, Global Accelerated Action for the Health of Adolescents (AA-HA!): Guidance to Support Country Implementation, [Cadre pour une action mondiale accélérée en faveur de la santé des adolescents : Guide pour aider à la mise en oeuvre dans les pays] révèlent de fortes différences dans les causes de mortalité lorsqu'on sépare les adolescents selon l'âge (les plus jeunes de 10 à 14 ans et les plus âgés de 15 à 19 ans) et le sexe.
Le rapport comporte également une gamme d'interventions, allant de la législation sur la ceinture de sécurité à l'éducation sexuelle complète, que les pays peuvent entreprendre pour améliorer leur santé et leur bien-être et pour obtenir une baisse spectaculaire du nombre des décès évitables.
Les adolescents, une population à risque
En 2015, les accidents de la route ont été la première cause de mortalité chez les adolescents de 10 à 19 ans, avec environ 115 000 décès. Ce sont les garçons plus âgés, de 15 à 19 ans, qui ont payé le plus lourd tribut. La plupart des jeunes tués dans des accidents de la route sont des usagers vulnérables, comme les piétons, les cyclistes ou les motocyclistes.
On constate cependant de fortes différences entre les régions. Si l'on ne s'intéresse qu'aux pays à revenu faible ou intermédiaire en Afrique, certaines maladies transmissibles, comme le VIH/sida, les infections des voies respiratoires inférieures, la méningite et les affections diarrhéiques font davantage de morts chez les adolescents que les accidents de la route.
Le tableau est très différent pour les filles. Chez les jeunes adolescentes de 10 à 14 ans, les infections des voies respiratoires inférieures, comme la pneumonie, résultant souvent de la pollution de l'air à l'intérieur des habitations par les combustibles utilisés pour la cuisine, sont la première cause de mortalité. Les complications de la grossesse, comme l'hémorragie, l'état septique, la dystocie et les complications des avortements à risque, viennent en tête des causes de décès pour les filles de 15 à 19 ans.
Les suicides et les morts accidentelles dues à des actes d'autoaggressivité ont été la troisième cause de mortalité en 2015, avec 67 000 décès selon les estimations. L'autoaggressivité survient en grande partie chez les adolescents plus âgés et, à l'échelle mondiale, c'est la deuxième cause de mortalité chez les adolescentes dans ce groupe d'âge. C'est la première ou la deuxième cause de mortalité chez les adolescents en Europe et en Asie du Sud-Est.