Pour devenir prof dans l'académie de Montpellier, il faut obtenir 10 de moyenne au concours externe, ouvert aux titulaires d'un master universitaire qui se destinent à enseigner comme le révèle Pascal Riché dans une enquête fouillée publiée sur Rue89. Jusque là, rien que de très normal. Mais dès que l'on remonte vers le nord, curieusement, la note minimale exigée baisse : il faut "seulement" 9,18 de moyenne dans l'académie de Toulouse et de Lyon, 8,8 à Bordeaux, 8,6 à Rennes et 7,8 à Amiens. Mais le pompon, c'est l'académie de Versailles (qui regroupe en fait la moitié de l'Ile de France) qui le détient avec... 4,57 de moyenne exigés pour devenir prof, et seulement 4,17 dans l'académie voisine de Créteil !
Scandale. Un étudiant, en France, bien que titulaire d'un master, peut se contenter d'un médiocre 4,17 de moyenne à ses examens pour devenir prof dans l'Académie de Créteil. Bel exemple à donner aux élèves dont il aura la charge, et qu'il devra à son tour évaluer... Mais le scandale n'est pas celui qu'on croit. D'abord, l'enquête de notre confrère révèle que les profs, et donc, les élèves, ne sont pas logés à la même enseigne d'un bout à l'autre du pays. Si l'on accepte des profs qui obtiennent moins de 5 de moyenne en Ile-de-France pour en faire des professeurs alors qu'il faut avoir 10 dans l'académie de Montpellier, on peut raisonnablement penser que la qualité de l'enseignement est proportionnelle aux notes obtenues par les candidats à l'emploi de prof.
Mais l'autre scandale sous-jacent, c'est la désaffection totale pour le métier d'enseignant que révèle ces chiffres. Si l'on accepte des candidats médiocres, en abaissant ainsi la barre d'entrée, c'est parce que personne ne veut plus faire ce métier, ou alors seulement par défaut, à défaut d'autre chose. L'enquête de Rue89 est sans appel : plus la note exigée pour passer est basse, plus le taux de réussite à l'examen est élevé. 87 % des candidats qui présentent le concours sont reçus dans les académies de Versailles et Créteil, contre seulement 28,3 % dans l'académie de Toulouse. Cela veut dire que pour remplir les quotas de profs à recruter (Versailles et Créteil sont les deux plus gros demandeurs, avec plus de 2300 postes à elles deux), on accepte n'importe qui, et tant pis pour les élèves.
L'explication donnée par Pascal Riché de Rue89 est connue, et toute simple : les profs français seraient mal payés, moins bien que dans bien des pays voisins. Résultat, les candidats aux postes d'enseignants le seraient par défaut, persuadés de ne pas pouvoir trouver mieux. Sauf que dans les faits, en Italie par exemple, les profs gagnent encore moins.
L'autre explication, politiquement incorrecte, est tout simplement liée à la place que les enseignants occupent désormais dans la société, exacerbée dans bien des établissements. Loin d'avoir pour mission principale de transmettre des savoirs, ils se retrouvent cantonnés au rôle d'animateurs, pour ne pas dire de médiateurs, tentant tous les jours d'éviter qu'une jeunesse désoeuvrée et inculte ne fasse passer le temps en volant, se battant, violant.
Difficile dans ces conditions de leur jeter la pierre... Cette année, il manquera des profs dans deux académies sur trois, faute de recrutement suffisant.
Scandale. Un étudiant, en France, bien que titulaire d'un master, peut se contenter d'un médiocre 4,17 de moyenne à ses examens pour devenir prof dans l'Académie de Créteil. Bel exemple à donner aux élèves dont il aura la charge, et qu'il devra à son tour évaluer... Mais le scandale n'est pas celui qu'on croit. D'abord, l'enquête de notre confrère révèle que les profs, et donc, les élèves, ne sont pas logés à la même enseigne d'un bout à l'autre du pays. Si l'on accepte des profs qui obtiennent moins de 5 de moyenne en Ile-de-France pour en faire des professeurs alors qu'il faut avoir 10 dans l'académie de Montpellier, on peut raisonnablement penser que la qualité de l'enseignement est proportionnelle aux notes obtenues par les candidats à l'emploi de prof.
Mais l'autre scandale sous-jacent, c'est la désaffection totale pour le métier d'enseignant que révèle ces chiffres. Si l'on accepte des candidats médiocres, en abaissant ainsi la barre d'entrée, c'est parce que personne ne veut plus faire ce métier, ou alors seulement par défaut, à défaut d'autre chose. L'enquête de Rue89 est sans appel : plus la note exigée pour passer est basse, plus le taux de réussite à l'examen est élevé. 87 % des candidats qui présentent le concours sont reçus dans les académies de Versailles et Créteil, contre seulement 28,3 % dans l'académie de Toulouse. Cela veut dire que pour remplir les quotas de profs à recruter (Versailles et Créteil sont les deux plus gros demandeurs, avec plus de 2300 postes à elles deux), on accepte n'importe qui, et tant pis pour les élèves.
L'explication donnée par Pascal Riché de Rue89 est connue, et toute simple : les profs français seraient mal payés, moins bien que dans bien des pays voisins. Résultat, les candidats aux postes d'enseignants le seraient par défaut, persuadés de ne pas pouvoir trouver mieux. Sauf que dans les faits, en Italie par exemple, les profs gagnent encore moins.
L'autre explication, politiquement incorrecte, est tout simplement liée à la place que les enseignants occupent désormais dans la société, exacerbée dans bien des établissements. Loin d'avoir pour mission principale de transmettre des savoirs, ils se retrouvent cantonnés au rôle d'animateurs, pour ne pas dire de médiateurs, tentant tous les jours d'éviter qu'une jeunesse désoeuvrée et inculte ne fasse passer le temps en volant, se battant, violant.
Difficile dans ces conditions de leur jeter la pierre... Cette année, il manquera des profs dans deux académies sur trois, faute de recrutement suffisant.