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Mal-logement en France : 12 millions de personnes mal logées


Clarisse Rosius
Lundi 12 Février 2018





La 23e édition du rapport annuel sur L'État du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre livre une nouvelle description de la crise du logement. Si le marché de l'immobilier affiche une bonne santé générale, 4 millions de personnes restent mal logées ou privées de domicile, tandis que 12 millions voient leur situation fragilisée par la crise du logement.


Source : Pixabay, image libre de droits
Source : Pixabay, image libre de droits
Dans un communiqué, la Fondation Abbé Pierre explique qu'au total, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement. Au-delà de cette dure photographie, la dynamique ne prête pas à l'optimisme. La qualité moyenne des logements continue de s'améliorer, mais la hausse des prix creuse les inégalités résidentielles et bouche l'horizon des ménages des couches populaires. Comme si des centaines de milliers de personnes, en plus d'être mal-logées aujourd'hui, se voyaient assignées à le rester toute leur vie. Ce rapport met l'accent sur une des formes de mal-logement les plus difficiles à vivre : le surpeuplement. En déclin sensible pendant des décennies, le surpeuplement connaît une recrudescence inquiétante au cours des dernières années.

Ce retour du surpeuplement est une tendance d'autant plus inquiétante que cette forme de mal-logement est vécue très douloureusement par les ménages concernés, comme le montre l'enquête Logement de l'Insee : 66 % des ménages subissant une situation de surpeuplement accentué souhaitent changer de logement, alors que ce n'est le cas que de 27 % des ménages en moyenne, de 39 % des ménages « fragilisés par rapport au logement » et de 48 % des « mal-logés ».

Un chapitre entier leur donne la parole, pour battre en brèche les tendances à ignorer, relativiser ou banaliser ce phénomène.
La présentation de cette nouvelle édition permet aussi à la Fondation, en se référant à des expériences européennes et à l'engagement de grandes métropoles françaises, de dresser un état d'avancement du plan quinquennal « Logement d'abord », annoncé par le chef de l'Etat pour lutter contre le « sans-abrisme ».

Une orientation qui correspond, du moins en partie, aux objectifs du plan « Sans-domicile : objectif zéro ! » de la Fondation, alors que l'arrivée de migrants en situation de précarité sociale et sanitaire renforce l'urgence de développer des dispositifs d'accueil et des solutions de logement pérennes pour les plus démunis, quel que soit leur statut administratif.

Si les discours en faveur du « Logement d'abord » vont dans la bonne direction, des actes posés depuis six mois sont profondément inquiétants. Coupes aveugles dans les APL, ponction massive sur le secteur Hlm, répression contre les personnes migrantes... Or la mise en oeuvre d'une vraie politique de « logement d'abord » ne peut que s'inscrire dans une politique du logement globale plus vertueuse et volontariste, si elle veut avoir une chance d'atteindre son but : l'éradication du sans-abrisme.

Refusant de céder au fatalisme, la Fondation attache une grande importance aux réponses politiques qu'appelle le mal-logement et pense qu'il est encore temps, en ce début de quinquennat, de redresser le tir.