Speedy Life
Carrière

Le burn-out des trentenaires


Jeudi 11 Février 2016





À force de trop faire et de trop cumuler, les femmes de 30-40 ans seraient au bord du gouffre.


Le blues des femmes trentenaires ressemble étrangement à un burn-out. Quand on dit trentenaires, ont pense aussi quarantenaires. Dans tous les cas, les femmes de cette tranche d’âge, qui cumulent job, enfants, vie de famille, de couple, sociale, sont au bord de l’implosion. Pour réussir sur tous les tableaux, elles se surpassent, se surinvestissent, jusqu’à craquer ? Oui.
 
Le site madame.lefigaro.fr a décidé d’en faire un sujet. Pourquoi ? Parce que malheureusement, c’est un sujet brûlant. Les femmes sont fatiguées, voire épuisées, ont constaté les journalistes. Il s’agit pourtant de jeunes femmes dynamiques. Le problème, c’est qu’elles n’arrivent plus à tout concilier, « carrière, famille, maison. »

« Je suis au-delà de la fatigue. Je ressens un sentiment d’éreintement et d’imperfection, d’inachèvement constants : j’ ai en permanence l’ impression que je fais tout à moitié, ou que je suis devenue un agenda ambulant. J’oscille entre un état de vide et d’explosion », témoigne une banquière. Résultat, au-delà des témoignages recueillis par Le Figaro, une génération entière de femmes se retrouve à bout de souffle.

Les symptômes ? Fatigue physique et psychologique, mauvais sommeil, difficultés à se lever le matin, irritabilité. Du coup, on pioche dans les anxiolytiques histoire de se détendre. Se détendre d’ailleurs est de plus en plus difficile : « je n’arrive plus à me détendre sans prendre un verre de vin le soir. Parfois plus d’un, d’ailleurs », explique une jeune working girl au Figaro.

Au travail, c’est souvent la bérézina : les « équipes en sous-effectif, où ceux qui partent ne sont plus remplacés. » La crise joue aussi son pesant de cacahouète avec « la peur de perdre son emploi. » C’est sans compter les réunions chronophages et le flux incessant d’emails, entre autres, plus le bruit. C’est le culte aberrant de l’overwork : plus je travaille et plus je suis. En plus, d’après plusieurs études, notamment américaines, on commence à comprendre que « les heures suraccumulées diminuaient au final la productivité et la créativité. » Tout cela pour ça donc.

À la maison, ce n’est guère mieux. Les femmes restent la pièce centrale de l’organisation. « C’est à elles qu’incombe la gestion de projet de la vie personnelle : l’inscription à l’école, le bien-être de la nounou, la planification des vacances, des dîners », rapporte justement Le Figaro. Le problème, c’est que les femmes veulent être parfaites. Par ricochet, aussi, c’est ce que demande ou attend la société. Résultat, ça craque.

Et la fatigue, c’est quoi ? Selon Marc Loriol, sociologue et chercheur au CNRS, « il y a dans la fatigue contemporaine une angoisse de ne pas pouvoir répondre à des injonctions contradictoires. » Il ajoute : « on nous demande de nous dépêcher, et en même temps d’ avoir le plus grand niveau de qualité ; d’être créatif, sans trop bousculer les règles ; autonomes, mais disciplinés. Les critères objectifs de ce que serait un bon travail ne sont pas clairement énoncés, d’où le sentiment de ne jamais être à la hauteur, de toujours devoir faire plus, ce qui accentue encore le perfectionnisme. C’est un cercle vicieux. »

La solution ? En finir avec un système français qui « a fait un pas vers la modernité sans finir sa mutation et reste figé dans le paternalisme des pays latins (présentéisme, réunionisme), utilisation intrusive des outils technologiques », explique Viviane de Beaufort, professeur à l’Essec, responsable du département Droit et Environnement de l’entreprise du programme Entreprendre au féminin.

Et concrètement, permettre aux jeunes femmes et mères de travailler chez elles un jour par semaine, d’avoir des horaires plus souples, « leur fixer des objectifs au lieu de confondre contrôle et pouvoir » et les payer plus. Car « mieux payer une femme, c’est lui permettre de se faire aider à la maison. Et lui offrir la reconnaissance. » À bon entendeur, salut.




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