Faut-il être maso pour faire une thèse ? C’est en substance ce que démontre Tiphaine Rivière dans son premier roman graphique, Carnets de Thèse, publié en mars au Seuil. L’auteur sait de quoi elle parle : après trois ans de thèse de littérature et un travail administratif en parallèle, au sein d’une grande université doctorale parisienne, elle laisse tomber pour faire de la bande dessinée.
Carnets de thèse met en scène Jeanne Dargan. Jeune professeur de collège en ZEP, elle vient d’être acceptée en thèse avec un sujet sur Kafka. Mais non financée. Euphorique, elle se lance dans l’aventure. Petit à petit, elle découvre l’épais n’importe quoi kafkaïen du petit monde universitaire dans lequel elle pénètre : politique, hypocrite, malveillant, absurdités administratives…
Autour de Jeanne gravite son directeur de recherche charismatique qui ne répond jamais à ses demandes. Au bout d’un an, il n’a toujours pas validé son plan. Il s’absente souvent car « il fait rayonner la recherche française à l’étranger. » Expert dans l’art d’esquiver les doctorants qui attendent fébrilement son avis, il noie le poisson en demandant à Jeanne de se plonger dans Schopenhauer parce « qu'un thésard au fond c’est un peu comme un cocker en manque d’affection. » Autrement dit, il faut le caresser dans le sens du poil tout en le laissant se perdre.
Pour financer sa thèse, Jeanne fait de l'évènementiel à La Sorbonne. Dans la pratique, elle organise des colloques soporifiques où les thésards s’évertuent à attirer l’attention des grands pontes. Elle seconde aussi Brigitte, la secrétaire mollusque usant de toute l’étendue de son pouvoir d’inertie dans le traitement des dossiers administratifs. Jeanne donne également des cours à des étudiants de première année, payés au lance-pierre.
Jeanne cherche sa place. Au désespoir de sa famille et de son compagnon qui n’y comprennent rien. Sa thèse n’en finit pas et vire à l’obsession. Résultat, Jeanne finira larguée par son petit ami, se nourrissant de pizzas, bouffie, perdue comme l'écrit Kafka : « cependant que commencement et fin ne sont même pas sûrs. »
Récit d’apprentissage, écrit et dessiné avec humour et finesse, ce roman graphique raconte le quotidien de Jeanne, et plus largement, celui des doctorants qui poursuivent leurs recherches comme une quête existentielle mais semée de multiples embûches : la jungle de la compétition académique et le dénuement d’une université malmenée…Ça ne donne pas très envie.
Carnets de thèse, Tiphaine Rivière (Le Seuil).
Carnets de thèse met en scène Jeanne Dargan. Jeune professeur de collège en ZEP, elle vient d’être acceptée en thèse avec un sujet sur Kafka. Mais non financée. Euphorique, elle se lance dans l’aventure. Petit à petit, elle découvre l’épais n’importe quoi kafkaïen du petit monde universitaire dans lequel elle pénètre : politique, hypocrite, malveillant, absurdités administratives…
Autour de Jeanne gravite son directeur de recherche charismatique qui ne répond jamais à ses demandes. Au bout d’un an, il n’a toujours pas validé son plan. Il s’absente souvent car « il fait rayonner la recherche française à l’étranger. » Expert dans l’art d’esquiver les doctorants qui attendent fébrilement son avis, il noie le poisson en demandant à Jeanne de se plonger dans Schopenhauer parce « qu'un thésard au fond c’est un peu comme un cocker en manque d’affection. » Autrement dit, il faut le caresser dans le sens du poil tout en le laissant se perdre.
Pour financer sa thèse, Jeanne fait de l'évènementiel à La Sorbonne. Dans la pratique, elle organise des colloques soporifiques où les thésards s’évertuent à attirer l’attention des grands pontes. Elle seconde aussi Brigitte, la secrétaire mollusque usant de toute l’étendue de son pouvoir d’inertie dans le traitement des dossiers administratifs. Jeanne donne également des cours à des étudiants de première année, payés au lance-pierre.
Jeanne cherche sa place. Au désespoir de sa famille et de son compagnon qui n’y comprennent rien. Sa thèse n’en finit pas et vire à l’obsession. Résultat, Jeanne finira larguée par son petit ami, se nourrissant de pizzas, bouffie, perdue comme l'écrit Kafka : « cependant que commencement et fin ne sont même pas sûrs. »
Récit d’apprentissage, écrit et dessiné avec humour et finesse, ce roman graphique raconte le quotidien de Jeanne, et plus largement, celui des doctorants qui poursuivent leurs recherches comme une quête existentielle mais semée de multiples embûches : la jungle de la compétition académique et le dénuement d’une université malmenée…Ça ne donne pas très envie.
Carnets de thèse, Tiphaine Rivière (Le Seuil).