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Apprendre à penser : une compétence à acquérir ?


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Vendredi 3 Août 2012





L'éducation a de nos jours un rôle qui tend à réduire le savoir, au profit des compétences utiles en entreprise. Ainsi, la mise en place du livret de compétences à l'école fait couler de l'encre, car ce dernier reflète la disparition d'une éducation dont l'essence de la pédagogie a toujours été collective et constructrice de l'intelligence.


Apprendre à penser : une compétence à acquérir ?
L’éducation utile

Le rôle éducatif de l’école a longtemps été celui du savoir et de la connaissance. Mais dans notre société de consommation où l’enfant est devenu roi, et où toute chose a son utilité, le savoir et la connaissance se confrontent aussi à un rapport utile. Ce rapport se projette dans la vie d’entreprise où les compétences priment sur toute autre capacité intellectuelle. Ainsi, les besoins d’entreprise viennent, avec le livret de compétence, dicter la pédagogie éducative. À quoi sert d’apprendre telle ou telle chose si cela ne permet pas de réussir dans le monde du travail ? C’est en réponse à cette question que les compétences deviennent le pilier de l’éducation. Or, le savoir et la connaissance ne se résument pas à des compétences. Et c’est là, l’immense problématique que rencontre l’institution qu’est l’école, car elle n’a pas vocation à former des futurs salariés. Son rôle est d’instruire, de perpétuer la connaissance, et plus important encore, d’apprendre à raisonner.

L’importance du savoir penser

Le fondement de l'école dans une démocratie, est de permettre d'accéder à une pleine humanité. On y apprend la civilité et comment appréhender le monde dans toute sa complexité. Cette compréhension repose sur la capacité de chacun à raisonner collectivement, de manière créative ainsi qu’à tirer enseignement de l'Histoire et de la culture pour mieux comprendre son environnement. Ce sont ces capacités qui permettent de résoudre des problèmes, de créer des solutions, d'interagir constructivement et par-dessus tout, de rester humain. En effet, l'idéal démocratique ne se construit pas dans l'individualisme et la course aux compétences. Cependant, c'est ce que la pédagogie de l'enseignement actuelle tend à renforcer, car savoir penser ne fait plus partie du programme. La perte de l’autorité, le culte de l’enfant roi, et le rapport d’utilité à l’instruction sont les trois grands facteurs qui font perdre à l’école son statut, et qui la réduisent à un service.

Le savoir se perd

Aujourd'hui, les familles se construisent avec l'arrivée d'enfants désirés, ce qui fait d'eux le point central d'un ménage. Les parents veulent répondre à tous leurs besoins pour qu'ils soient le plus heureux possible. Mais ce statut de roi dont bénéficient les enfants empêche d'exercer sur eux une autorité d'apprentissage. Ces derniers veulent eux-mêmes choisir ce qu'ils veulent apprendre, et leurs désirs sont influencés par le rapport utile au savoir. Ils alimentent à leur niveau l'accélération de la course à la compétence, et ce, au détriment d'un savoir qui pourtant, demeure indispensable. Ainsi, les professeurs ont bien du mal à canaliser l’attention de leurs élèves sur les sujets que ces derniers jugent inutiles à leur avenir professionnel. La culture est au centre de la perte du savoir, car elle n'est plus considérée comme indispensable à l'existence. À l'heure où l'on croit tout connaître, la seule chose qui compte est de faire tourner la boutique sans se soucier du reste.
 




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