Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, l'émir du Qatar
C’est au Qatar qu’aura lieu la prochaine Coupe du Monde de Football, en 2022. L’attribution d’un tel événement sportif représente un enjeu considérable pour ce petit pays du Golfe. Enjeux financier, politique, mais aussi sociétal, qui prennent une tournure toute particulière à un moment où le Qatar est en proie à une crise politique importante avec ses voisins, l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis.
Objectif 2022 : une Coupe du Monde comme un défi
L’accueil par le Qatar de la Coupe du Monde de football 2022 vient couronner un investissement hors du commun dans le monde du sport, en particulier du football. Propriétaire du mythique club du PSG, du club espagnol de Malaga, ou de celui du KAS Eupen, en Belgique, les Qataris sont réputés pour leur tropisme pour le ballon rond. Cette attribution ne s’est pourtant pas faite sans mal, et constitue un défi politique de taille pour le gouvernement du Qatar, qui s’attache à le relever point par point.
Le pays a ainsi adhéré à deux Pactes Internationaux relatifs aux droits civils et politiques (le PIDCP) et aux droits économiques sociaux et culturels (le PIDESC), par lequel il s’engage à respecter les droits de toutes les personnes présentes sur son territoire. Cette mesure était particulièrement attendue dans le cadre de l’arrivée de 36 000 travailleurs étrangers au Qatar pour la construction des infrastructures nécessaires à la Coupe du Monde. Par la même occasion, un salaire minimum a été mis en place, et sera donc garanti pour les ouvriers des chantiers du mondial.
Statut des femmes : la plus moderne des pétromonarchies
Un autre point cher à l’Occident, en particulier, est le statut des femmes. À ce sujet, le Qatar apparaît comme un îlot de progressisme par rapport à ses voisins arabes. Si les femmes n’ont obtenu le droit de conduire que cette année en Arabie Saoudite, c’est une mesure que le Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, père de l’actuel émir, a mise en place au Qatar peu après son arrivée au pouvoir en 1997. L’épouse de l’émir, Cheikah Mozah Al Missner, est également une des femmes les plus influentes du pays : dirigeante de la Qatar Fondation, diplômée de sociologie et fille d’un opposant réformiste, elle tranche avec l’image que l’on serait tenté de se faire des femmes qataries.
En ce qui concerne le droit de vote, il a été accordé aux femmes en 1999 par le Qatar, 2006 pour les Émirats arabes unis, et 2011 pour l’Arabie Saoudite. Au Qatar, l’implication des femmes en politique avance peu à peu, et deux d’entre elles ont d’ailleurs été élues par scrutin direct au conseil municipal du pays en 2015. En 2017, quatre autres femmes étaient cette fois-ci nommées par décret royal au Conseil de la Choura, l’organe consultatif chargé de discuter des projets de loi, de la politique générale du gouvernement et du budget de l'État.
En figures de proue, les femmes d’affaires qataries occupent aussi une place non négligeable, qui permet à cinq d’entre elles de figurer dans le classement Forbes 2017 des femmes les plus puissantes du monde arabe (1).
Le soutien discret, mais sans faille de la France
Le Président français rencontre ainsi son homologue qatari pour la 3e fois depuis que l’Arabie saoudite et ses alliés (les Emirats arabes unis, l’Égypte et Bahreïn) ont instauré le blocus, en juin 2017. Cette relation soutenue permet à la France, selon le politologue du monde arabe, François Burgat, d’afficher son « soutien tacite » au Qatar : « la France ne souhaitait pas s’associer aux consignes de boycott de l’émirat. Le seul fait de n’avoir pas ralenti le moins du monde le rythme des relations au sommet est tout autant un signal très clair dans la même direction. » (2)
De la même façon, la France n’a aucunement diminué ses échanges commerciaux avec le Qatar, qui représentait, en 2017, le troisième client de la France à l’échelle des pays du Golfe, derrière les Émirats arabes unis, et l’Arabie saoudite, avec 2,17 milliards d’euros d’excédent, en hausse de 30% par rapport à 2016. La France demeure également l’une des destinations privilégiées des investissements qataris à l’étranger, que le ministère des Affaires étrangères chiffrait à 25 milliards d’euros en 2016 (3).
Les échanges culturels ont par ailleurs été formalisés en 2014 par la signature entre les deux pays d’un accord de coopération, qui prévoit un temps fort de la France au Qatar en 2020, peu de temps, donc, avant l’échéance footballistique.
En filigrane : l’accompagnement d’une voie progressiste
Les relations tissées dans tous les domaines entre la France et le Qatar ont une dimension stratégique non négligeable dans l’accompagnement de l’ouverture politique de la région, qui n’est peut-être pas pour rien dans l’accélération des tensions entre le Qatar et ses voisins. Un sujet que la France, au demeurant, n’a sûrement pas éludé lors de cette rencontre, veillant à afficher une posture discrètement favorable à la dynamique progressiste que veut incarner la monarchie qatarie au sein du Golfe. D’ailleurs, lors de la conférence de presse commune donnée par les deux dirigeants, Emmanuel Macron n’a pas hésité à parler de « pays proches », soulignant au passage « qu’un dirigeant en visite en France ne s’exprime pas en français par hasard. » C’est effectivement dans la langue de Molière que l’émir du Qatar a tenu à rappeler que « l’amitié de la France est très, très importante » pour le Qatar et à se dire « très fier » de cette relation singulière avec la France.
Objectif 2022 : une Coupe du Monde comme un défi
L’accueil par le Qatar de la Coupe du Monde de football 2022 vient couronner un investissement hors du commun dans le monde du sport, en particulier du football. Propriétaire du mythique club du PSG, du club espagnol de Malaga, ou de celui du KAS Eupen, en Belgique, les Qataris sont réputés pour leur tropisme pour le ballon rond. Cette attribution ne s’est pourtant pas faite sans mal, et constitue un défi politique de taille pour le gouvernement du Qatar, qui s’attache à le relever point par point.
Le pays a ainsi adhéré à deux Pactes Internationaux relatifs aux droits civils et politiques (le PIDCP) et aux droits économiques sociaux et culturels (le PIDESC), par lequel il s’engage à respecter les droits de toutes les personnes présentes sur son territoire. Cette mesure était particulièrement attendue dans le cadre de l’arrivée de 36 000 travailleurs étrangers au Qatar pour la construction des infrastructures nécessaires à la Coupe du Monde. Par la même occasion, un salaire minimum a été mis en place, et sera donc garanti pour les ouvriers des chantiers du mondial.
Statut des femmes : la plus moderne des pétromonarchies
Un autre point cher à l’Occident, en particulier, est le statut des femmes. À ce sujet, le Qatar apparaît comme un îlot de progressisme par rapport à ses voisins arabes. Si les femmes n’ont obtenu le droit de conduire que cette année en Arabie Saoudite, c’est une mesure que le Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, père de l’actuel émir, a mise en place au Qatar peu après son arrivée au pouvoir en 1997. L’épouse de l’émir, Cheikah Mozah Al Missner, est également une des femmes les plus influentes du pays : dirigeante de la Qatar Fondation, diplômée de sociologie et fille d’un opposant réformiste, elle tranche avec l’image que l’on serait tenté de se faire des femmes qataries.
En ce qui concerne le droit de vote, il a été accordé aux femmes en 1999 par le Qatar, 2006 pour les Émirats arabes unis, et 2011 pour l’Arabie Saoudite. Au Qatar, l’implication des femmes en politique avance peu à peu, et deux d’entre elles ont d’ailleurs été élues par scrutin direct au conseil municipal du pays en 2015. En 2017, quatre autres femmes étaient cette fois-ci nommées par décret royal au Conseil de la Choura, l’organe consultatif chargé de discuter des projets de loi, de la politique générale du gouvernement et du budget de l'État.
En figures de proue, les femmes d’affaires qataries occupent aussi une place non négligeable, qui permet à cinq d’entre elles de figurer dans le classement Forbes 2017 des femmes les plus puissantes du monde arabe (1).
Le soutien discret, mais sans faille de la France
Le Président français rencontre ainsi son homologue qatari pour la 3e fois depuis que l’Arabie saoudite et ses alliés (les Emirats arabes unis, l’Égypte et Bahreïn) ont instauré le blocus, en juin 2017. Cette relation soutenue permet à la France, selon le politologue du monde arabe, François Burgat, d’afficher son « soutien tacite » au Qatar : « la France ne souhaitait pas s’associer aux consignes de boycott de l’émirat. Le seul fait de n’avoir pas ralenti le moins du monde le rythme des relations au sommet est tout autant un signal très clair dans la même direction. » (2)
De la même façon, la France n’a aucunement diminué ses échanges commerciaux avec le Qatar, qui représentait, en 2017, le troisième client de la France à l’échelle des pays du Golfe, derrière les Émirats arabes unis, et l’Arabie saoudite, avec 2,17 milliards d’euros d’excédent, en hausse de 30% par rapport à 2016. La France demeure également l’une des destinations privilégiées des investissements qataris à l’étranger, que le ministère des Affaires étrangères chiffrait à 25 milliards d’euros en 2016 (3).
Les échanges culturels ont par ailleurs été formalisés en 2014 par la signature entre les deux pays d’un accord de coopération, qui prévoit un temps fort de la France au Qatar en 2020, peu de temps, donc, avant l’échéance footballistique.
En filigrane : l’accompagnement d’une voie progressiste
Les relations tissées dans tous les domaines entre la France et le Qatar ont une dimension stratégique non négligeable dans l’accompagnement de l’ouverture politique de la région, qui n’est peut-être pas pour rien dans l’accélération des tensions entre le Qatar et ses voisins. Un sujet que la France, au demeurant, n’a sûrement pas éludé lors de cette rencontre, veillant à afficher une posture discrètement favorable à la dynamique progressiste que veut incarner la monarchie qatarie au sein du Golfe. D’ailleurs, lors de la conférence de presse commune donnée par les deux dirigeants, Emmanuel Macron n’a pas hésité à parler de « pays proches », soulignant au passage « qu’un dirigeant en visite en France ne s’exprime pas en français par hasard. » C’est effectivement dans la langue de Molière que l’émir du Qatar a tenu à rappeler que « l’amitié de la France est très, très importante » pour le Qatar et à se dire « très fier » de cette relation singulière avec la France.