Le dispositif Ma p'tite balise
Après les applications de surveillance via téléphones portables interposés, les accessoires... Déjà, une pléiade d’applications mobiles permettait aux parents anxieux de surveiller leur progéniture. Désormais, ils vont pouvoir se munir de tout un attirail d’objets plus ou moins discutables, pour savoir en temps réel, ce que fait Junior, révèle Le Monde dans sa rubrique Pixels, (R)évolutions numériques.
Les petits malins ont plus d’un tour dans leurs sacs, qui imaginent des accessoires « espions ». Ces derniers ont bien compris les angoisses actuelles et s’engouffrent dans un créneau porteur. Il peut s’agir d’un porte-clés à l’apparence ludique - un petit ours - mais doté d’un dispositif de géolocalisation chiadé, d’un bracelet électronique, pardon pour l’allusion sous entendue à la liberté conditionnelle, ou ai-je l’esprit mal placé ? Si vous bloquez, rassurez-vous, il y a encore le duffle-coat connecté lancé par la marque Gémo, et équipée de la balise Ma p’tite balise…
Tout cela pour ne pas baliser. Puces, objets intelligents, données GPS, dispositifs pour savoir si Junior qui va seul à l’école est bien arrivé… Les nouvelles technologies redoublent dans un seul but : satisfaire les parents surprotecteurs, donner du grain à moudre à leurs névroses. Car géolocaliser Junior, comme on met une puce à la patte d'un canard, c’est peut-être retirer des angoisses à ses géniteurs. Mais quid de l’enfant ? C’est quand même lui mettre un fil à la patte… et faire le lit d’une société et d’un environnement anxiogènes.
« Cela participe à l’angoisse sécuritaire ambiante : plus il existera de possibilités de surveillance, plus ce sera utilisé », analyse dans Le Monde, Béatrice Cooper-Royer, psychologue clinicienne. Par ailleurs, il y a un bel antagonisme à vouloir pister son enfant : l’autonomie d’une part, mais la surveillance de l’autre. Ainsi, l’autonomisation est toute relative. En effet, l’enfant est relié ou retenu par un « cordon ombilical technologique » souligne Béatrice Copper-Royer. Et d’ajouter : « Soit on estime qu’ils sont assez matures pour sortir seuls, et on les laisse faire complètement. Soit non. »
Michaël Stora, psychologue-psychanalyste et cofondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines, l’OMNSH, va dans ce sens. Au Monde, il parle d’une « injonction paradoxale » que l’on pourrait rapprocher de la liberté surveillée: « Pour l’enfant, exister en dehors du regard des parents est une victoire, il n’y a qu’à voir la fierté qu’il retire de la première fois qu’il ramène le pain », explique t-il. Vannina Micheli-Rechtmann, psychiatre-psychanalyste, elle aussi membre de l’OMNSH, va plus loin : l’outil de géolocalisation permet aux parents de pénétrer dans un des lieux propre à l’enfant, l’école, y compris, le chemin pour y aller et en revenir. Et Michaël Stora de conclure : « il révèle surtout la fragilité des parents. » Allez, on dit non, à la « traçabilité » des enfants, on coupe le cordon !
Les petits malins ont plus d’un tour dans leurs sacs, qui imaginent des accessoires « espions ». Ces derniers ont bien compris les angoisses actuelles et s’engouffrent dans un créneau porteur. Il peut s’agir d’un porte-clés à l’apparence ludique - un petit ours - mais doté d’un dispositif de géolocalisation chiadé, d’un bracelet électronique, pardon pour l’allusion sous entendue à la liberté conditionnelle, ou ai-je l’esprit mal placé ? Si vous bloquez, rassurez-vous, il y a encore le duffle-coat connecté lancé par la marque Gémo, et équipée de la balise Ma p’tite balise…
Tout cela pour ne pas baliser. Puces, objets intelligents, données GPS, dispositifs pour savoir si Junior qui va seul à l’école est bien arrivé… Les nouvelles technologies redoublent dans un seul but : satisfaire les parents surprotecteurs, donner du grain à moudre à leurs névroses. Car géolocaliser Junior, comme on met une puce à la patte d'un canard, c’est peut-être retirer des angoisses à ses géniteurs. Mais quid de l’enfant ? C’est quand même lui mettre un fil à la patte… et faire le lit d’une société et d’un environnement anxiogènes.
« Cela participe à l’angoisse sécuritaire ambiante : plus il existera de possibilités de surveillance, plus ce sera utilisé », analyse dans Le Monde, Béatrice Cooper-Royer, psychologue clinicienne. Par ailleurs, il y a un bel antagonisme à vouloir pister son enfant : l’autonomie d’une part, mais la surveillance de l’autre. Ainsi, l’autonomisation est toute relative. En effet, l’enfant est relié ou retenu par un « cordon ombilical technologique » souligne Béatrice Copper-Royer. Et d’ajouter : « Soit on estime qu’ils sont assez matures pour sortir seuls, et on les laisse faire complètement. Soit non. »
Michaël Stora, psychologue-psychanalyste et cofondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines, l’OMNSH, va dans ce sens. Au Monde, il parle d’une « injonction paradoxale » que l’on pourrait rapprocher de la liberté surveillée: « Pour l’enfant, exister en dehors du regard des parents est une victoire, il n’y a qu’à voir la fierté qu’il retire de la première fois qu’il ramène le pain », explique t-il. Vannina Micheli-Rechtmann, psychiatre-psychanalyste, elle aussi membre de l’OMNSH, va plus loin : l’outil de géolocalisation permet aux parents de pénétrer dans un des lieux propre à l’enfant, l’école, y compris, le chemin pour y aller et en revenir. Et Michaël Stora de conclure : « il révèle surtout la fragilité des parents. » Allez, on dit non, à la « traçabilité » des enfants, on coupe le cordon !