Bien-être

Sois belle et bouge-toi


Béatrix Foisil-Penther
Lundi 9 Février 2015




Dans un monde maso pour ne pas dire malade, les ingénieurs ont inventé des objets connectés qui nous punissent si on ne fait pas ce qu’il faut.


Bienvenu dans un monde maso… Les bonnes résolutions appartiennent à la préhistoire. Aujourd’hui, pour faire du sport ou ne pas s’enfiler le paquet de chips, ce sont des objets connectés qui vous rappellent à l’ordre. Il y en a des caisses, ceinture, bracelet. Et ça ne rigole pas : au mieux, ils vous punissent. Au pire, ils vous insultent ou vous humilient. Des objets de torture en somme.

Vous mangez trop ? Vous ne courrez pas assez vite ? Vous êtes avachis ? Il y a désormais des objets pour vous rappeler à l’ordre à chaque écart : la fourchette qui retire ce que vous portez à la bouche, le bracelet qui envoie des décharges électriques, la ceinture pour se redresser. La carotte ? Ce n’est plus la récompense, mais la punition. Ça s’appelle le quantified self. C'est Américain, c'est smart.

Juste un exemple : vous surfez sur Internet au lieu de travailler : le bracelet connecté Pavlok (oui, oui, le nom vient bien de Pavlov), vous envoie des décharges électriques jusqu’à 255 volts. Même chose si vous vous empiffrez au lieu d’aller à la gym. Pire, le bracelet chien de garde est capable de vous humilier publiquement : vous avez séché le cours de Pilates, il poste un message sur votre page Facebook, comme quoi, vous êtes une grosse vache qui se traîne. Sympathique.

Cette horreur a été imaginée par l’américain Maneesh Sethi. Il s’appuie sur le principe de la géolocalisation pour rappeler son utilisateur à l’ordre. Le concept : s’affranchir de ses mauvaises habitudes et couper court à toutes ses addictions en un mois. Un bracelet connecté comme les détenus en semi liberté. Faut-il être complètement givré pour se coller un truc pareil au poignet ?

Et puis Pavlok, c'est un leurre. Michel Hautefeuille, psychiatre et addictologue explique au Nouvel Obervateur : « il va traiter superficiellement la cause d’un problème sans remonter à son origine. » Yann Valleur, psychologue spécialiste des nouvelles technologies va plus loin. Toujours sur le site de L’Obs, il alerte d’un éventuel « détournement par des masochistes qui s’ignorent. » Il est temps de rappeler l’adage : « on n’est jamais mieux servi que par soi-même. » Et filer en digital detox. Parce que #si tu n'y vas pas tu es une grosse vache.
 
 
 
 
 
 
 
 



Dans la même rubrique :