SMS, mails, « googlisation » de la pensée… Nous croulons sous les messages. Nous sommes connectés H 24. Mais les interactions sont telles, que l'on peut se poser des questions sur notre capacité à nous concentrer. Yves Citton, l’auteur de Pour une écologie de l'attention, professeur de littérature à l'université de Grenoble-Alpes, et co-directeur de la revue Multitudes, place notre aptitude à nous concentrer comme une priorité à la fois politique et écologique. Dans un entretien au Nouvel Observateur, il explique que pour lui, l’attention est une « interface entre la subjectivité et ce qui vient la nourrir. »
Plus précisément, il considère que cette interface peut agir de façon individuelle ou collective. Ainsi, il met en lumière trois paliers concernant l'attention : l'attention individuelle (la capacité à se concentrer sur un objet, comme un livre ou une personne), l'attention conjointe, et l’attention collective. Soit la capacité à recevoir un message, sans être en présence d’autres personnes, mais de savoir qu'au même moment, elles le reçoivent également (par le biais de la télévision, d'Internet, d'un journal, ou de la radio par exemple). Comme nous sommes constamment sollicités, on parle aujourd’hui d’un déficit de l’attention, voire, d’une crise de l’attention. Dans les deux cas, le résultat est le même : l’impossibilité à se concentrer sur une chose et cela, de manière durable, sans interruption. En quelque sorte, l’aptitude de l’homme à l’attention, se trouve cassée, pour ne pas dire pulvérisée.
Pour Yves Citton, les personnes que nous sommes, c'est à dire, des gens éduqués et connectés, vivent aujourd'hui une crise de l'attention. « L'accélération technologique multiplie les sollicitations qui nous sont adressées et bon nombre d'entre nous sont en permanence débordés. Mais le problème réside moins dans les interruptions permanentes de l'attention au niveau individuel (le téléphone qui sonne pendant une discussion, le mail auquel je dois répondre en urgence) que dans la déformation invisible à laquelle est sujette l'attention collective », explique t-il. La faute à qui, cette altération imperceptible ? Aux médias pardi. Comme si l’augmentation des sollicitations et des interactions étaient pour ces derniers, une façon de niveler la pensée, « de façonner l'attention des publics et donc de définir les sujets qui comptent », explique le professeur de littérature.
Par ailleurs, il pointe un autre élément. Celui de la multi-attention. Pour autant, il se veut rassurant. Cette dernière n’est pas nouvelle, et surtout, c’est une capacité propre à l'esprit humain. Aujourd’hui, on constate que les plus jeunes arrivent à la développer de plus en plus. Mais ce qui peut paraître comme un signe de distraction ou de superficialité, est en revanche, une réaction « très habile et très compétente à des sollicitations multiples ou à un élargissement du champ de perception », explique Yves Citton. D’ailleurs, multi-attention et distraction devraient marcher ensemble sur un mode « d'intermittence attentionnelle ». Soit, réussir à concilier la multi-attention superficielle et la concentration profonde. Une façon de se protéger par moment, du flux de messages ininterrompu et de la communication incessante.
Pour une écologie de l'attention, Yves Citton, Le Seuil.
Plus précisément, il considère que cette interface peut agir de façon individuelle ou collective. Ainsi, il met en lumière trois paliers concernant l'attention : l'attention individuelle (la capacité à se concentrer sur un objet, comme un livre ou une personne), l'attention conjointe, et l’attention collective. Soit la capacité à recevoir un message, sans être en présence d’autres personnes, mais de savoir qu'au même moment, elles le reçoivent également (par le biais de la télévision, d'Internet, d'un journal, ou de la radio par exemple). Comme nous sommes constamment sollicités, on parle aujourd’hui d’un déficit de l’attention, voire, d’une crise de l’attention. Dans les deux cas, le résultat est le même : l’impossibilité à se concentrer sur une chose et cela, de manière durable, sans interruption. En quelque sorte, l’aptitude de l’homme à l’attention, se trouve cassée, pour ne pas dire pulvérisée.
Pour Yves Citton, les personnes que nous sommes, c'est à dire, des gens éduqués et connectés, vivent aujourd'hui une crise de l'attention. « L'accélération technologique multiplie les sollicitations qui nous sont adressées et bon nombre d'entre nous sont en permanence débordés. Mais le problème réside moins dans les interruptions permanentes de l'attention au niveau individuel (le téléphone qui sonne pendant une discussion, le mail auquel je dois répondre en urgence) que dans la déformation invisible à laquelle est sujette l'attention collective », explique t-il. La faute à qui, cette altération imperceptible ? Aux médias pardi. Comme si l’augmentation des sollicitations et des interactions étaient pour ces derniers, une façon de niveler la pensée, « de façonner l'attention des publics et donc de définir les sujets qui comptent », explique le professeur de littérature.
Par ailleurs, il pointe un autre élément. Celui de la multi-attention. Pour autant, il se veut rassurant. Cette dernière n’est pas nouvelle, et surtout, c’est une capacité propre à l'esprit humain. Aujourd’hui, on constate que les plus jeunes arrivent à la développer de plus en plus. Mais ce qui peut paraître comme un signe de distraction ou de superficialité, est en revanche, une réaction « très habile et très compétente à des sollicitations multiples ou à un élargissement du champ de perception », explique Yves Citton. D’ailleurs, multi-attention et distraction devraient marcher ensemble sur un mode « d'intermittence attentionnelle ». Soit, réussir à concilier la multi-attention superficielle et la concentration profonde. Une façon de se protéger par moment, du flux de messages ininterrompu et de la communication incessante.
Pour une écologie de l'attention, Yves Citton, Le Seuil.