Tendances

Mode éthique et style, c’est possible mais vite dit !


Béatrix Foisil-Penther
Lundi 3 Novembre 2014




La mode éthique fait régulièrement parler d’elle, mais le sujet disparaît souvent aussi vite que la question s’est posée. Aujourd’hui, on peut être à peu près bien habillé tout en respectant l’environnement. En revanche, trop peu de créateurs jouent le jeu.


C’est sûr que si on cède à la tendance de l’hiver – le manteau à poils en fausse fourrure – on a tout faux. Les matières induites dans de telles aberrations stylistiques sont en effet elles-mêmes aberrantes : ultra chimiques et polluantes. Donc, on passe. En revanche, s’habiller correctement tout en respectant un cadre éthique et écologique, c’est possible. Mais il faut vite le dire, car beaucoup de créateurs ne jouent pas le jeu. Pourtant, le fait de consommer éthique représente un vrai souci pour 71% de nos compatriotes. Ces derniers aimeraient en effet, en savoir davantage sur la manière dont la production s’est déroulée, notamment pour les vêtements et les accessoires. Un vrai challenge à relever pour les marques. 
 
Pourtant, décrypter les indications de l’étiquette reste compliqué. Par exemple, avec les délocalisations, la notion du Made in n’est pas toujours claire. Pour privilégier une mode éthique, il faut réussir à s’informer sur la provenance des vêtements. L’Express compile ainsi les conseils de Lionel Astruc, l’auteur de Voyages aux sources de la mode éthique publié chez Ulmer : « On parle souvent de l'étiquette mais une fois que l'on est dans les rayons, c'est déjà trop tard. Il vaut mieux si possible se renseigner en amont avant tout achat. La marque que je souhaite acheter est-elle transparente sur son processus de fabrication, détails à l'appui ? Est-elle soucieuse de sa responsabilité sociale et environnementale ? ». 
 
Dans le flou qui prévaut, et la masse d’informations parfois contradictoires, le « label » commerce équitable est une garantie. Il assure des conditions de production équitables pour les ouvriers et respectueuses de l’environnement. Pas « d’usines de la honte » donc, comme les appelle Lionel Astruc. Certaines marques, comme Ekyog, se positionnent sur ce créneau en faisant de la traçabilité d’un produit, une priorité. Marque éthique et durable, leader en France, Ekyog va plus loin en proposant des flashcodes qui indiquent l’historique d’un vêtement. Même discours chez Veja, adepte de la transparence et de la traçabilité : circuits courts, valeur ajoutée sociale, économique et environnementale.
 
Par ailleurs, pour bien faire, il faut privilégier certaines matières. Le coton bio en premier lieu : la culture du coton traditionnel étant la plus polluante au monde. Le lin, en sachant que 80% du lin mondial est cultivé en Europe, sans irrigation ni déchet. Pour le cuir, choisir des tannages végétaux pratiqués sans chrome. Fuir le bambou et son soi-disant côté écologique : le bambou est une fibre synthétique tranformée. D’une manière générale, les matières 100% naturelles protègent. Elles évitent les mauvaises surprises, les tissus toxiques, l'utilisation de métaux lourds ou de dérivés de pétrochimie…
 
Dans tous les cas, acheter moins, mais mieux et faire durer. Buy less, Choose well, Make it last, voilà le concept du Slow Wear, comme le préconise la créatrice britannique Vivienne Westwood. Moins mais mieux est une pratique que nous devrions adopter. Pourtant, avoir une approche éthique de la mode, ne signifie pas forcément avoir envie d'être habillée comme Zézette pour descendre les poubelles. Il faut donc que les créateurs qui font envie suivent. Bannir la Fast Fashion dont ils sont les emblèmes, qui multiplie les collections à un rythme effréné avec campagnes de pub et muses à la clé. Allez, sur le mode éthique, il y a encore du boulot.
 
 
 


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