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La femme invisible


Béatrix Foisil-Penther
Lundi 4 Avril 2016




Un récent rapport sur les mères européennes, montre que la plupart d'entre elles ont l'impression de faire partie d’une grande majorité silencieuse…


Invisible. Plus précisément, une fois qu’elle est devenue mère, une femme devient « invisible », transparente, imperceptible. Bref, quantité négligeable. C’est en gros, les conclusions d’un rapport effectué par l’ONG internationale, Make Mother Matter (MMM), et qui ont été publiées au mois de mars dernier. En Europe, selon Eurofound, 76% des femmes de 18 ans et plus, sont mères.
 
Les auteurs du rapport, qui s’intitule « Ce que les mères d'Europe veulent », ont passé au crible 11 000 réponses, dans seize pays et en dix langues. Résultat, les mères européennes ne semblent pas au top. Surtout, il y a un avant et un après : « devenir mère entraîne une transformation irréversible des priorités et des préoccupations (…) elle développe une perception spécifique », explique Mme de Liedekerke, présidente de Make Mother Matter.
 
Ses propos ont été  recueillis par la journaliste du Point, Hélène Bonhomme, spécialiste du quotidien des femmes, et de leur aptitude à jongler entre enfants, couple, travail, maison et vie de famille. Elle s’est penchée sur le rapport de MMM. Une fois mère, donc, la majorité des femmes se sent invisible. Par ailleurs, révèle l'étude, si on interroge les mères européennes sur leurs préoccupations, ou leurs désidératas, elles « expriment des désirs similaires, quels que soient leur âge, leur profil socio-démographique et leur origine. »
 
Des préoccupations, qui toutes, tournent autour des mêmes axes : « le temps pour leur famille, le choix sur le mode de garde des enfants et la reconnaissance de leur rôle de mère », rapporte Le Point. Ce besoin de reconnaissance est récurrent, et pas seulement pour les mères au foyer « qui ont fait le choix de garder leurs enfants à plein temps. » Il est également ressenti chez les femmes qui travaillent. D’ailleurs, seulement 23% des femmes interrogées par l’ONG MMM sont mères au foyer.
 
« Les mères répondantes demandent clairement une meilleure reconnaissance par la société de l'importance du travail de soins et de la maternité (...) que les familles soient considérées comme source de cohésion sociale et comme ressource pour la société entière. En éduquant et prenant soin de leurs enfants, les mères et les pères travaillent pour le futur de nos sociétés », souligne Mme de Liedekerke. La journaliste du Point, elle, se demande si les femmes invisibles, ne sont pas « justement le remède à l'individualisme et à l'égocentrisme qui ronge notre société ? » Comme solution et pour commencer, elle propose que conjoints et enfants en âge de comprendre, leur apportent cette reconnaissance si précieuse.


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