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Get Up !


Béatrix Foisil-Penther
Lundi 8 Décembre 2014




On se lève, pas pour ses droits mais pour sa santé ! Travailler assis devant un ordinateur serait antinomique avec notre physique de « marcheur », comme le dit le programmeur Benoît Pereira da Silva. Il travaille désormais en marchant, et a conçu un bureau nomade.


Benoît Pereira da Silva
« Cela fait 12 mois que je ne travaille plus assis sur une chaise. » Celui qui parle, est un programmeur informatique. Il s’appelle Benoît Pereira da Silva, et ses propos son rapportés par les journalistes du blog « Internet Actu », hébergé par Le Monde.fr. Benoît Pereira da Silva continue : « Notre bipédie n'est plus permanente. Nous passons beaucoup de temps assis ou allongé alors que notre corps est un corps de marcheur. » Sous-entendu, un « corps de marcheur », hérité de l’évolution, et « adapté au mode de vie actif des chasseurs cueilleurs. »
 
Installé dans les Cévennes, Benoît Pereira da Silva travaille. Il a aussi le temps de réfléchir. En premier lieu, à notre bipédie originelle que la vie urbaine, par exemple, a tendance à passer à l’as. Si notre corps reste un corps de marcheur, hérité de l’évolution, notre aptitude aux évolutions technologiques ont sans cesse augmenté, mais quid de nos capacités cognitives ? Elles n’ont pas bougées. Quant à nos capacités physiques, elles diminuent si on ne les stimule pas. Pour résumer : être assis toute la journée derrière son ordinateur fait prendre du poids.

Cela montre un vrai décalage avec nos modes de travail, comme celui d’être assis derrière un ordinateur : « les travailleurs du numérique sont tous assis devant des bureaux. Nos corps s'engraissent. Notre système lymphatique déraille. Les cancers et les maladies cardio-vasculaires augmentent. La chaise tue beaucoup », explique ainsi Benoît Pereira da Silva. La solution ? Travailler debout. Ce qui, dans les faits, reste exceptionnel quand il s’agit de travailler sur un ordinateur. C’est pourtant son crédo. Pour lui, il s’agit d’adapter notre « mode de vie à notre réalité biologique. »

Ce principe, il l’a testé sur lui-même. Il y a cinq ans, il a commencé par s’intéresser aux témoignages d’informaticiens qui avaient adopté des bureaux debout, et même, à un bureau « marchant »,  grâce notamment à un tapis roulant. Par ailleurs, il s’est plongé dans la référence en la matière, l'essai de Frédéric Gros, Marcher, une philosophie*. Et plus récemment, Get Up du médecin James Levine, sous-titré : Why Your Chair is Killing You and What You Can Do About It**. Autrement dit, pourquoi ta chaise te tue et que peux- tu peux faire… Un plaidoyer contre la posture assise.

Benoit a donc commencé à travailler debout. Il s’est ensuite acheté un tapis de marche pour travailler en marchant ! Et ce faisant, il a perdu 20 kilos sans aucun régime autre que celui de marcher en travaillant. La marche a naturellement posé une limite à ses heures de  travail. En général, au bout de huit heures, il s’arrête. Pour être encore plus à l’aise, et performant à la fois, il a conçu un « bureau nomade, tout terrain, et autonome énergiquement ». Dans les Cévennes, où il vit, il a pu parcourir des kilomètres en travaillant.

Mais les Cévennes, ce n’est pas La Défense ! Benoît Pereira da Silva pense qu’il est grand temps de « réfléchir à des couloirs de marche pour téléphoner, à des open spaces équipés de tapis roulant, à des circuits piétons, à des parcs et fermes pour travailleurs ambulants, à des champs et parcours de travail… » Dans la foulée, des bureaux mobiles, des vêtements bureaux. Autant de concept sur lesquels il invite les employeurs à réfléchir. Autant d’instruments, pour nous rappeler notre bipédie intrinsèque.
* Marcher, une philosophie, Frédéric Gros, (Carnets Nord).
** Get Up. Why Your Chair is Killing You and What You Can Do About It, James Levine, (Macmillan).


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