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Devenir chanteur : une formation pas comme les autres


Lundi 21 Octobre 2024




Que l’on préfère le classique ou le pop, on admire tous des chanteurs. Mais savons-nous comment on devient chanteur professionnel ? Explications avec Vincent Bruggeman, un ancien de la Guildhall School of Music & Drama qui a dirigé pendant six ans la Manécanterie des Petits Chanteurs à la croix de bois.


Qualité artistique ou technique, des priorités différentes selon les écoles

Vincent Bruggeman a fait sa formation musicale supérieure à la Guildhall School of Music & Drama, à Londres. Mais que ce soit en Angleterre ou en France, le processus est relativement similaire : « Les professeurs de chant sont des équivalents de maîtres. Ils répondent tous à certaines écoles techniques », raconte Vincent Bruggeman.

Quant à l’entrée au sein de ses conservatoires, il existe une différence majeure entre les deux pays. « À Paris, les matières académiques sont prioritaires. Si l'on réussit les épreuves académiques, on obtient le droit de passer l'épreuve artistique, à savoir l'audition. En Angleterre, c’est l’inverse : l’épreuve artistique vient en premier. La dimension théorique vient seulement dans un second temps », explique Vincent Bruggeman, reconnaissant de l’opportunité qui lui a été offerte de rejoindre la formation et d’avancer à son propre rythme.

Pour Vincent Bruggeman, « une formation en chant lyrique implique une appétence pour explorer la psychologie des personnages. Tout comme pour un acteur, votre voix sera le reflet de votre pensée et de votre incarnation du rôle que vous interpréterez ».

Au-delà du travail vocal, qui va de soi, les chanteurs lyriques doivent passer de longues heures à étudier le texte. Chaque mot, chaque phrasé doit être parfaitement compris. Ils écoutent d'autres artistes et posent un regard critique sur leur propre interprétation. Pour cela, il est essentiel de saisir qui est le personnage interprété, dans quelle situation il se trouve et ce qu'il est en train de vivre. Un véritable travail de psychologue, presque ! « Les grands musiciens sont des personnes qui s'attachent aux détails. Il s'agit de transmettre une intention, une émotion. Un interprète est avant tout un chercheur de beauté et de vérité », explique Vincent Bruggeman. « Lorsque l'on commence à travailler une partition, il est impératif de prendre le temps de s'immerger dans l'histoire de chaque personnage. Chaque partition a sa propre histoire. Vous êtes alors emporté dans les extrêmes des émotions humaines. Il est nécessaire de s'approprier cette histoire pour ensuite être capable de la reproduire fidèlement, en fonction des choix artistiques que vous aurez faits », poursuit Vincent Bruggeman.

Et, bien sûr, un chanteur lyrique doit comprendre l’époque historique dans laquelle se déroule l’histoire, la langue utilisée, ainsi que la place de l’œuvre dans l’histoire de la musique. « Être artiste vous oblige. Une interprétation qui émeut est celle qui repose sur une véritable réflexion de fond. Ainsi, le grand public ne perçoit souvent que la surface de l’œuvre, et cela lui suffit sûrement. Le mélomane, lui, captera peut-être les subtilités. Mais au final, c’est surtout l’artiste qui grandira dans cette quête, car c'est avant tout un moyen pour lui d’apprendre à mieux se connaître », commente Vincent Bruggeman.

Cela dit, la notion d’interprétation prend tout son sens lorsqu’on chante un opéra ou une mélodie, car c’est exactement ce que l’on fait : on interprète. « Il faut être capable de livrer une véritable interprétation sur scène. Votre prestation est le résultat d'une vision personnelle », explique Vincent Bruggeman.

Un travail multidimensionnel, donc, indispensable à toute prestation scénique réussie. Bien plus complexe qu’il n’y paraît !


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