Optic 2000 s'affirme dans l'ESS

En 2013, Benoît Hamon, alors ministre délégué à l’économie sociale et solidaire, s’était rendu dans les locaux d’Optic 2000. Désireux de donner un nouvel essor à l’ESS, il était venu saluer les vertus du modèle coopératif chez ceux qui parraineraient la dernière édition en date du « Mois de l’ESS », un mois et demi après.

Une coopérative se bâtit sur plusieurs principes fondateurs, dont l’égalité des membres est le ciment. Optic 2000, aux côtés des enseignes Lissac et Audio 2000, est en effet issue du GADOL, groupement coopératif d’achat des opticiens lunetiers, fondé dans les années 1960. Attaché à cet héritage historique, le groupe a choisi de rester une coopérative, régie par le principe égalitaire « un homme= une voix ». Il entend préserver ainsi la « gouvernance démocratique », qui est l’un des fondements de toute entreprise de l’ESS (1). Didier Papaz, le PDG d’Optic 2000, en explique les vertus : « la force de notre structure est d’accompagner au quotidien nos opticiens, qui sont aussi nos associés ». Il complète : « le modèle de la coopérative offre surtout à des commerçants indépendants de pouvoir faire leur métier du mieux possible et pouvoir s’investir dans leur ville, en enrichissant le terroir local ».
 
Car si le modèle coopératif est constitutif de l’ESS, c’est parce qu’il implique des valeurs associées, telles que le dialogue social, l’ancrage local, ou la solidarité. Yves Guénin, le secrétaire général de l’enseigne, explique ce lien de cause à effet : « Notre gouvernance est fondée sur le respect d’autrui, le goût du dialogue et de la concertation. Cette expérience nous donne, je crois, une vraie aptitude à concilier et à fédérer au service de l’intérêt général ». 

Cette utilité sociale, autre pilier de l’ESS, est une mission qu’Optic 2000 revendique, en cherchant à la développer autour de deux idées phares : la proximité et le professionnalisme. Avec ses 1200 magasins qui couvrent l’ensemble du territoire, Optic 2000 est effectivement le premier réseau français d’optique – c’est également la première enseigne de distribution non alimentaire. Et pour matérialiser ses exigences de qualité, le groupe a lancé, depuis 2011, une démarche de certification Afnor « Qualité en optique » de l’ensemble de ses magasins.
 
« Cela représente beaucoup d’investissement personnel de la part de nos associés et c'est exigeant », concède Yves Guénin, persuadé néanmoins que « c'est un challenge que doit relever la profession afin de démontrer qu'on est une filière de santé de qualité ». Car, et c’est un leitmotiv pour Optic 2000 que formule Didier Papaz : « les opticiens sont des professionnels de la santé, pas des marchands de lunettes ! » D’ailleurs, pour renforcer le rôle citoyen de ces acteurs de santé, le groupe généralise les opérations de dépistage visuel et auditif gratuites (en marge du Tour Auto Optic 2000 par exemple) ; il développe également des centres Basse Vision, qui accueillent et conseillent les personnes malvoyantes. Il s’agit là d’un pas dans le volet « solidarité » de l’ESS, qu’Optic 2000 cherche aussi à étendre en dehors de ses magasins.   

Partenaire historique du Téléthon, auquel est reversé l’euro facturé sur la deuxième paire (l’enseigne est d’ailleurs à l’origine de ce concept de deuxième paire à 1€) ainsi que sur les montures de la collection MODE in France, Optic 2000 mène aussi, en toute discrétion, plusieurs opérations humanitaires de mécénat en Afrique. Egalement solidaire sur le plan de l’emploi en France, le groupe est le premier client des lunetiers du Jura, dont près de la moitié vit de ses commandes. « 25 % de nos achats de montures sont français, contre 5% sur l’ensemble de notre secteur », détaille Yves Guénin, qui revendique là une solidarité économique, destinée à maintenir l’emploi et les savoir-faire sur le territoire. « Un choix économique mais aussi sociétal qu’il convient de saluer », a commenté Benoît Hamon.
 
Mais le nom d’Optic 2000 apparaît souvent aussi pour la défense de l’accès aux produits de santé, avec une politique de prix volontairement accessibles, ou encore le développement des accords avec les mutuelles. Ses dirigeants sont récemment montés au créneau pour dénoncer le déremboursement des lunettes, suggéré par un rapport de la Cour des Comptes. « Une façon de privatiser la santé qui ne va pas dans l'intérêt des Français », s’inquiète Didier Papaz.

En valorisant et en renforçant son rôle d’acteur de l’ESS, Optic 2000 cherche à illustrer que l’on peut allier initiatives économiques et engagement social. Et désormais, en tant que partenaire du mois de l’ESS, ou avec l’intervention d’Yves Guénin à l'occasion des 4^èmes rencontres parlementaires sur la RSE, il se fait même l’ambassadeur – et le défenseur – d’un modèle devenu, à raison, priorité gouvernementale.
 
 (1) Cf. définition de l’ESS sur le site du ministère de l’économie : http://www.economie.gouv.fr/cedef/economie-sociale-et-solidaire